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"Yvette Guilbert, une artiste de la belle époque"


Château d'Assas Le Vigan

conférence et Lectures

"La scène parisienne en 1900"

Conférence donnée par Laurent Puech, historien de l'art, accompagnée de lectures par Katia Subiros

"Santos-Dumont manoeuvre son hélice;d'une petite nacelle de paille, sous un cigare volant, il agite un drapeau américain. Sem croque en plein vol, la moustache en brosse, les joues creuses, le col mou à noeud papillon de l'aéronaute…"

Extraits de «Portrait souvenir" de Jean Cocteau

Conférence et lectures

"Sigmund Freud et sa vision des artistes"

Conférence présentée par Sébastien Galland, professeur de philosophie et psychanalyste avec Laurent Puech, historien de l'art

"Lecture de la correspondance d'Yvette Guillbert, Max Schiller et Sigmund Freud"

par Katia Subiros

"Je deviens en scène ce que je veux devenir par une force cérébrale artistique et si j’arrive (dites-vous) à être Belle quand je chante: "dites moi si je suis belle" - c’est que mon cerveau sait ce qui me manque pour l’être et je crée «l’illusion»…"

Extrait de la corespondance d'Yvette Guilbert, Max Sciller et Sigmund Freud

Récital et lecture

"Les chansons d'Yvette Guilbert"

Interprétées par sylvette Dupuis accompagnée par Pierre Paolicchi au piano

"Lecture de textes d'Yvette Guilbert et chansons dites"

par Katia Subiros accompagnée par Pierre Paolicchi au piano

"Aussi j'avoue que je souffre une vraie douleur, de voir si souvent des artistes chanter un texte et en "exprimer" un autre. Je me demande toujours comment le public ne s'en aperçoit pas! Ni l'auteur, ni le musicien, ni le chef d'orchestre, ni l'artiste!…"

Extrait de textes d'Yvette Guilbert

Les auteurs de la Suisse romande Château d’Assas Le Vigan

Bleu Léman (Gilbert Salem) Lausanne 1995

De la colline d’Aubonne, le lac Léman ressemble à un large ruban qui scintille par moments et par d’autres s’obscurcit : un cours vaste comme une rivière amazonienne. Un décor de montagnes le surplombe et s’y mire. L’eau n’en est que plus impressionnante. Mais elle est seulement le prolongement d’un fleuve. Elle n’est pas une mer, elle n’est pas autonome. Vu de la colline de Chexbres, le Léman ressemble à un golfe. Il est affranchi du prestige des Alpes alentour. Il recouvre une intensité qui lui est propre, qui est toute aquatique, qui n’a pour répondant que le ciel. A vrai dire, j’aime cette huile de Ferdimand Hodler, parce qu’elle semble résoudre des questions qui me sont chères. Des questions inhérentes à ma façon de voir le monde et d’être au monde. L’image du Léman a besoin d’un mode d’emploi, et Hodler me l’offre. En peignant le lac non pas de face, comme depuis les fenêtres de l’hôpital d’Aubonne, mais de biais, il lui rend sa dimension mythique, qui est la plus belle. La plus éloignée de la mort. Son « Bleu Léman » n’est pas une vue du Léman, il est une anamorphose du Léman. Quand j’étais petit, je détaillais mon visage, les murs de ma chambre et mes jouets en contemplant le dos d’une cuillère en argent. Je m’y trouvais encore plus moche, mais le monde alentour était plus lumineux.

Extrait: «L’histoire du soldat» de François Ferdinand Ramuz

Le lecteur :

Il se mit à lire dans le livre. Et le produit de la lecture fut l’argent, Fut beaucoup d’argent, parce qu’il connaissait l’événement avant le temps. Il se mit à lire temps qu’il put. Alors il eut tout l’argent qu’il voulut, Et avec cet argent tout ce qu’il voulait ;
Ayant été marchant d’abord, marchant d’objets, puis…
Puis il n’y eu même plus besoin d’objets, parce qu’on est entré dans l’esprit, Et use des autres comme j’entends. Parce qu’ils sont dans le présent, et moi, je sais déjà quand eux croient seulement.
C’est un livre qui se lit tout seul… C’est un coffre-fort. On n’a qu’à l’ouvrir, on tire dehors…
Des titres.
Des billets.
De l’OR.
Et les grandes richesses, alors, et tout ce que les granges richesses sont dans la vie : Femmes, tableaux, chevaux, château, tables servies.
Tout, j’ai tout, tout ce que je veux tout ce qu’ont les autres,
Et je leur prends, et, ce que j’ai, ils ne peuvent pas eux !
Alors il va, des fois, le soir, se promener.
Ainsi, ce soir ; c’est un beau soir de mai.
Un beau soir de mai, il fait bon ;
Il ne fait pas trop chaud
Comme plu tard dans la saison.
On voit le merle faire pencher la branche,
Puis la quittant la banche
Reprend sa place d’avant.
J’ai tout, les gens arrosent les jardins, «combien d’arrosoirs ? »
fins de semaine, samedi soir,
il se sent un peu fatigué,
les petites filles jouent
à « capitaine russe, partez »,
j’ai tout, j’ai tout ce qu’il n’ont pas,
alors comment est-ce qu’il se fait que ces autres choses ne soient pas à moi ?
quand tout l’air sent bon comme ça, seulement l’odeur n’entre pas ;
tout le monde, et pas moi, qui est en train de s’amuser ;
des amoureux partout, personne pour m’aimer ;
les seules choses qui font besoin, et tout mon argent ne me sert à rien,
parce qu’elles ne coûtent rien, elles ne peuvent pas s’acheter.
Ce n’est pas la nourriture qui compte,
C’est l’appétit.
Alors, je n’ai rien, ils ont tout ; Je n’ai plus rien, ils m’ont tout pris.
Et rentrant à présent chez lui :
C’est pas des cordes qui font le son, parce que toutes les cordes y sont
Et ce n’est pas la qualité du bois, j’ai les plus fins, les plus précieux :
Mon violon valait dix francs
Mon violon valait bien mieux ;
Satan ! Satan ! Tu m’as volé,
Comment faire pour s’échapper ?
Comment faire ? Comment faire ?
Est-ce que c’est dans le livre ça ?
Et il l’a ouvert encore un fois, l’a ouvert, la repoussé ;
Satan ! Satan ! Tu m’as volé !
Mais peut-être que le livre sait quand même, il sait tout,
Alors (il dit au livre) réponds :
Les autres sont heureux,
Comment est ce qu’ils font ?
Les amoureux sont sur le banc
Comment faire ? Comment faire pour être comme avant ?
Dis donc, parce que tu dois savoir,
Comment faire pour ne rien avoir

« La réponse au grand large » Fernand Auberjonois

Auberjonois résista toujours à l’appel du large tout en écoutant son chant des sirènes. Dans ses lettres, je trouve des promesses : « Je viens te voir sur ton île américaine » ou « J’ai besoin de l’air de ta forêt ».
Ces j’arrive restaient sans suite. Le peintre retournait dans cette cellule d’alchimiste qu’est un atelier, d’ou le grand large est exclu.A défaut de port, il allait chercher les hommes au bord d’un fleuve descendu d’un glacier, entre des vignes et des collines troublantes comme des seins de déesses.
Charles-Albert Cingria a parlé, dans la revue Aujourd’hui, de Ce pays Qui est Une Vallée. Sept grandes pages sans description car « Ce lieu est célèbre et il est connu. Et puis voir – seulement écarquiller les yeux – n’apprend pas grand-chose…
On en a tellement parlé et on l’a tant et si bien reproduit, qu’il ne m’incombe pas d’apporter un supplément a cette diffusion… Un écrit sur ce pays qui est la vallée par excellence est impossible, il vaut mieux dépasser ce lieu… »
A la lecture de cette conclusion, mon père morigénait :
« Mais Charles-Albert, si vous n’aviez rien a en dire, que foutiez-vous là-bas ? » Réponse tout en gloussements : « Je crois avoir bien parlé des serpents qui ont le vertige, et des abricots, la plupart pas mûrs, en quantité insensée, jonchant la route et les champs. J’ai aussi mentionné mes lectures (Juvénal, Perse, Salluste, Properce). » Auberjonois, lui, ne craignait pas la description. En septembre 1940, il m’écrivait de Sion : « Ce pays où depuis huitante ans je reviens sans être lassé tu le connais. Les nuits sont chargées d’étoiles… et d’avions anglais en business trips du coté de l’Italie. Cette nuit tombe brusquement. La grande route fuit vers Saint-Maurice et les montagnes coupent le ciel encore clair au couchant. Beau mais pas très gai. » Et en septembre 1951 : « Trop longtemps le Valais a été entre les mains de peintres médiocres qui n’ont chanté que son folklore de pacotille…
Charles-Arbert (Cingria) seul ne s’y est pas trompé.
Il en a saisi l’autre caractère : «  Le Valais est immatériel et arabe.
Pas terrien comme on nous assassine à le répéter. »

«Les fleurs dans les saisons» Gustave Rons

Foins

Ils ne commencent plus comme autrefois par des essaims de faucheurs mêlés à la nuit finissante, mal séparés de leurs rêves, seuls pour longtemps avec toutes les alouettes – et pressés d’abattre avant l’ardent jour ce fion fleuri qui leur glaçait les jambes de rosée.
Un soir de juin (ou de mai déjà dans les terres basses) c’est ce garçon qui monte le sentier de la colline, sa faux sur l’épaule, avec le battement à chaque pas de la pierre au creux du coffin de corne ou de métal.
Il s’arrête, prix jusqu’aux genoux dans la toison d’herbe mûre que l’on a vue s’épaissir, s’élever peu à peu, changer d’un jour, parfois d’une heure à l’autre sa couleur, verte et jaune, puis jaune et rose, puis rousse et rose, et maintenant d’un brun léger taché du bleu des scabieuses, frôlé par les longs rayons chaleureux du soleil du soir.
Il ne s’agit plus de faucher toute la prairie, mais seulement d’ouvrir un chemin à la faucheuse, de déborner comme on dit.
Et sur chaque colline d’autres hommes sont montés qui cherchent aussi, du talon de la faux, les bornes enfouies sous les fleurs, puis les ayant senties, aiguisent, le corps repris par l’ombre lentement, leurs seules mains illuminées, une lame éblouissante contre le ciel.

Lectures

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